Il me fait plaisir de rendre hommage à mes parents et de vous faire connaître les grandes étapes de leur vie. Jean-Baptiste est né à Saint-Narcisse-de-Rimouski, le 24 juin 1908, de Germain Banville et Marcelline Lepage, décédé le 12 janvier 1996. Cécile Bélanger est née à St-Anaclet de-Lessard , le 30 mai 1915, de Herménégilde Bélanger et Alexina Ruest, décédée le 03 octobre 1981. Jean-Baptiste est un homme généreux, dès l’âge de 17 ans, au décès de son père, il accepte la responsabilité de la ferme familiale, à la demande de sa mère. Il travaille fort avec ses frères et sœurs pour le plus grand confort de toute la famille. À 27 ans, il marie la douce et travaillante Cécile, l’Amour de sa vie. Avec elle, la vie est plus belle. Ils travaillent toujours très fort tous les deux, avec les autres membres de la famille qui demeurent encore à la maison. Puis, arrive le premier enfant du couple, Gilbert en 1936; et sept ans plus tard, c’est moi Bibiane.

Comme les gens ont peu d’argent pour subvenir à leurs besoins, il fonde la Caisse Populaire de St-Narcisse avec ses amis. Désormais ils pourront épargner et faire des petits prêts au besoin. Mon père est avide de connaissances de toutes sortes, il lit régulièrement La Terre de Chez Nous et l’Action Catholique. La ferme est en pleine croissance: des vaches, des porcs, des poules, et plus tard des chèvres. Il vend le lait dans le rang et le reste de la production se rend à la beurrerie du village. Vingt-cinq vaches à lait, c’était une grosse ferme à ce moment-là et, comme la main d’œuvre était rare dans notre famille, il achète des trayeuses; il emploie des hommes l’été pour les foins et pour les récoltes d’automne.

En 1950, il fait construire son premier silo; comme cela, il pourra stocker du fourrage vert sous forme d’ensilage pour la période d’hiver. En 1958, n’étant plus capable de travailler aussi dur, il vend ses propriétés des rangs 5 et 6 et déménage au village. Il s’informe auprès des éleveurs de poulets des grands centres et part sa nouvelle entreprise. Un gros poulailler de 5 000 poulets âgés de un jour à trois mois. À cet âge, les poulets de chair pèsent cinq livres. Et voilà qu’à chaque semaine, il reçoit des petits poulets d’un jour puis fait boucherie des poulets de cinq livres prêts à vendre et les distribue aux épiceries de la ville; gros travail pour lui, ma mère et ses employés.

Au bout de quelques années, il décide d’exploiter son terrain de terre noire, à proximité de la maison. Il se rend à Sherrington pour rencontrer des grands producteurs et exportateurs de produits maraîchers. Pourquoi cet endroit? Parce que c’est la particularité de la région de la Montérégie d’avoir des sols de terre noire. Il prend les informations nécessaires et revient à St-Narcisse préparer le sol, pour en faire un jardin maraîcher de quatre arpents. Il vend des légumes au village et aux épiceries de la ville à chaque semaine. C’est maintenant son gagne-pain. Puis il continue de travailler pour la Société St-Jean-Baptiste, et avec ses amis encore une fois, il met sur pied le Club de L’Age d’Or de St- Narcisse. La retraite s’annonce belle, il cultive maintenant un plus petit jardin et de nombreuses fleurs autour de la maison avec maman.

En 1967, à l’occasion du centième anniversaire de la Confédération du Canada, il reçoit la Médaille du Centenaire en reconnaissance de services insignes rendus à la Patrie. Maintenant, je ne peux vous parler des réalisations de mon père sans vous parler de l’importance de ma mère dans tout ce cheminement. Au début de leur mariage, elle travaillait à la ferme, aux foins, et assurait les repas de tous les employés à chaque jour, avec ma grand-mère. C’était sans compter la nombreuse visite qui venait s’échouer des semaines à la maison, en ne tenant pas compte de tout le travail que mes parents avaient déjà à réaliser dans une seule journée. L’hospitalité faisait partie de leurs valeurs. Puis à chaque nouveau projet, elle s’associait toujours à mon père avec énergie, enthousiasme et joie de vivre. On aurait dit qu’elle tenait le bonheur entre ses mains. Son sourire et sa sérénité faisaient naître l’espérance. Un baume de paix rayonnait dans la maison; sa douceur, sa tendresse et sa générosité ne laissaient personne indifférent. Son Amour pour mon père et nous parsemait notre chemin de roses. Merci maman ! Le décès de ma mère après 46 ans de mariage, a complètement bouleversé la vie de mon père. Après sept années plutôt difficiles, il s’est retrouvé au Foyer de Rimouski pour y vivre un autre sept ans. J’ai accompagné mon père durant les dernières années de sa vie, en lui donnant le meilleur de moi-même et ce, jusqu’à son dernier souffle. Je l’ai consolé, je l’ai protégé, je l’ai fait rire, et je l’ai aimé...Je suis fière de moi !…et je sais que lui aussi l’est.