Les aînés(es) d'autrefois vivaient presque toujours dans leur maison et le plus souvent avec un de leurs fils. Si ce fils se mariait, sa femme devait consentir à vivre avec ses beaux-parents et parfois élever ses enfants en même temps que leurs oncles ou tantes encore à la maison paternelle. Comme la plupart des gens étaient cultivateurs («habitants» comme on le disait dans le temps), cela voulait dire beaucoup de travail et beaucoup de diplomatie de la part des jeunes et des aînés pour que la bonne entente règne dans la maisonnée. Le père participait aux travaux extérieurs avec les homme de la famille et les femmes, en plus de s'occuper de l'entretien de la maison et à la cuisine, voyaient au soin des petits animaux, à la traite des vaches, s'occupaient du jardin et du parterre; elles lavaient, cardaient et filaient la laine des moutons pour pouvoir ensuite tricoter ou tisser les couvertures de lits et les vêtements de toute la famille. La grand-mère était active tant que sa santé le lui permettait. Dans ce temps-là, les vieux restaient à la maison familiale, c'était la mode du temps; mais souvent, ils le faisaient par obligation. L'argent était rare, il n'y avait pas les allocations de sécurité de la vieillesse, pas d'assurance hospitalisation; on allait à l'hôpital qu'en dernier recours. Les grands-parents avaient le bonheur de demeurer avec leurs enfants et petits-enfants dans la maison qu'ils s'étaient bâtie. C'était bien comme ça. Mais depuis les années 30, la vie de toute la population a changé graduellement. Les hommes politiques et les gouvernements ont pris conscience peu à peu des besoins de la population. Pour le mieux-être des jeunes, on a accordé les allocations familiales (5,00$ par mois au début), puis il y a eu l'assurance chômage; pour les personnes âgées, la pension de vieillesse; les veuves ont eu droit à la pension des mères nécessiteuses; l'assurance hospitalisation pour les malades; les bourses d'étude pour les étudiants et le bien-être social pour les gens dans le besoin. En un mot, on a tenté d'améliorer la qualité de vie de toute la population. Avec la guerre 39-45, la main-d'oeuvre masculine se faisant rare, on a connu l'entrée au travail dans les usines de plusieurs femmes et une grande partie d'entre elles ont par la suite combiné le travail à l'extérieur et au foyer. Les coûts de la vie ayant beaucoup augmenté, c'est devenu presque une nécessité d'avoir deux salaires pour subvenir aux besoins de la maisonnée. Les familles très nombreuses d'autrefois étant pratiquement disparues, la main-d'oeuvre à la maison se faisant de plus en plus rare, les aînés ont commencé à lorgner du côté des centres d'accueil. Avec leur chèque de pension plus substantiel, c'était devenu possible de s'y installer. Mais il y a toujours un mais on a dû laisser sa maison, ses habitudes, ses petits-enfants, sa paroisse parfois, et on a dû s'habituer à un nouveau mode de vie. Par contre, on s'est fait de nouveaux amis, on a pu faire des petits voyages. Nos loisirs nous permettent de faire du bénévolat, ce qui fait que la vie des aînés et aînées d'aujourd'hui est bien différente de celle de nos aïeux. Loin de moi l'idée de porter un jugement, même si le genre de vie de nos gens âgés a bien changé. Depuis que le monde est monde, on a dû s'adapter à son temps. Je suis sûre que le mode de vie d'aujourd'hui n'est pas parfait, cependant, je suis convaincue que le «bon vieux temps» n'était pas toujours si merveilleux que certains le prétendent.

 

Tante Cécile