Quand on voit passer sur la route les mastodontes de camions qui transportent les billots vers les scieries, nous arrive-t-il de penser à un mode de transport du bois qui est pratiquement abandonné aujourd'hui: la drave. Cette méthode consistait à se servir de la puissance motrice de l'eau pour transporter le bois de la forêt jusqu'à l'usine. J'ai décidé ce mois-ci de vous parler de la drave sur la rivière Rimouski. Pendant le temps de la coupe du bois, on transportait les billots jusqu'au lac Rimouski et ces billots étaient déchargés dans des jetées au bord du lac et ce bois flottait sur le lac en attendant le printemps suivant, où on pourrait le faire descendre dans la rivière jusqu'au moulin de la compagnie Price Brothers (à l'embouchure de la rivière). J'ai rencontré un ancien draveur, monsieur Emmanuel Paulin, qui a bien voulu répondre à mes questions. La drave se faisait ordinairement fin-avril et en mai. On commençait par ouvrir le "baume" pour laisser sortir le bois du lac. Ce "baume" était fait de grosses pièces de bois liées ensemble par des chaînes puis les billots descendaient la rivière et les draveurs descendaient en même temps sur les rives pour essayer d'éviter les "djams" (amoncellement de billes). Le soir, on fermait l'écluse pour diminuer la quantité d'eau et s'il y avait du bois bloqué, on défaisait les embâcles afin que la descente puisse se faire le lendemain. C'était un travail dur et il fallait être très prudent pour éviter les accidents. Souvent, il y avait des bains forcés. Tous ces travailleurs étaient nourris le long de la rivière par un cuisinier qui descendait dans le "boat" de la cuisine. On mangeait du steak de jobbeur (baloné), des beans, du pain de ménage, de la mélasse, etc. etc. Les outils dont on se servait étaient des «kendoys», pivés, crochets pour rouler les billots et peut-être d'autres. À la fin du printemps, des draveurs nettoyaient les berges en ramassant les billots qui s'y étaient accrochés. On appelait cela faire la glane du bois. Si jamais vous voulez en savoir plus long sur le sujet, essayez de rencontrer un draveur qui y a travaillé. En voici quelques-uns: messieurs Roger Paulin, Élisée Soucy, Doril Lepage, Jean-Baptiste Gagné, Marc-André Lavoie, Emmanuel Paulin, Marc Thibault, Joseph Banville, Gilbert Proulx, et bien d'autres je suppose. De nombreux disparus ont aussi fait cette descente printanière, pensons à Édouard Pigeon, Philippe Albert, Josué Lepage, Fernand Proulx (Isidore), Isidore Proulx (M. Pit) Je remercie M. Emmanuel Paulin pour ces renseignements. Je ne suis pas sûre de l'orthographe des mots entre guillemets, je m'en excuse. Cela m'a fait plaisir d'écrire cet article qui fait connaître un métier pratiquement disparu.

 

Tante Cécile