La neige abondante qui nous est tombée dessus cette année m'a fait revivre en mémoire les hivers de ma jeunesse. Dans ce temps-là, j'adorais l'hiver et tout ce que ça pouvait m'amener de divertissements, mais pour nous les filles, on avait souvent les cuisses gelées car, les pantalons longs, c'était pour les garçons. Heureusement, la mode a changé. Dans ce temps-là, les chemins n'étaient pas entretenus pour les voitures roulantes. Les voitures qu'on voyait circuler étaient tirées par des chevaux et, selon l'usage, c'était des « sleighs », des traîneaux, des carrioles et des « sleighs à patins ». Les chemins étaient entretenus par chacun des propriétaires fonciers et les routes municipales étaient données à contrat à des soumissionnaires... Toutes les sorties pour la messe ou les promenades se faisaient dans l'une ou l'autre de ces voitures. Pour se protéger du froid, on avait différentes sortes de couvertures et les plus chanceux avaient, pour se couvrir, des robes de carrioles en peaux de mouton ou des peaux de « buffalo » (bison) traitées par les tanneurs. Quand on avait un long trajet à faire, pour être certains de ne pas geler, il nous arrivait de faire chauffer dans le fourneau une certaine quantité de grains d'avoine ou d'orge. Quand c'était bien chaud, on les mettait dans un sac dans le fond de la voiture. Ce n'était pas aussi efficace que les chaufferettes automatiques des automobiles d'aujourd'hui, mais pour nous, c'était le grand confort. Quand il faisait tempête et que la neige s'accumulait par bancs dans les chemins, il arrivait que la carriole renverse avec ses passagers. Ça, c'était moins drôle. Mais s'il faisait beau, c'était un vrai charme. Quel bonheur, les deux pieds posés sur les briques chaudes installées au fond du traîneau, d'écouter le cliquetis des grelots sur l'attelage et la voiture. C'était l'hiver, on y était habitués et ça se passait bien. Quand arrivaient Pâques, le mois d'avril, le soleil, les érablières entaillées, c'était le vrai bonheur. Un jour à la fois comme disait mon père, s'il pleut aujourd'hui, il fera beau demain. Je crois bien qu'on se souviendra longtemps de l'hiver 2007-2008. Ce fut un hiver d'abondance en neige, mais comme elle a l'air fondante, nous aurons un été après. Il paraît qu'il n'y a pas eu autant de neige que cela depuis 1856. Consolons-nous, ce n'est pas prêt de se reproduire.

Bon printemps et un bel été!

 

Tante Cécile