J'ai interrogé plusieurs personnes qui m'ont toutes donné à peu près la même version des faits. Il y avait des organisateurs qui s'occupaient de leur territoire. Ils organisaient des réunions qui se faisaient à l'extérieur, s'il faisait beau, et où il y avait un orateur qui venait vanter les mérites de son parti et faire beaucoup de promesses. Si la température était mauvaise, l'activité avait lieu à l'intérieur de la salle paroissiale, si elle était disponible. Cependant, il y a des gens qui avaient des trucs : j'ai connu un maire qui a été soupçonné d'avoir loué la salle paroissiale pour ne pas voir l'adversaire de son parti pendant le temps des élections venir parler à ses contribuables. Parfois les réunions avaient lieu sur le perron de l'église après la messe et bien chanceux étaient les orateurs qui avaient un bon timbre de voix, car il n'y avait pas de microphone. Ces réunions pouvaient amener des rencontres fort animées, mais on ne s'en faisait pas car c'était la mode du temps... L'organisateur recevait, paraît-il, un petit montant pour rembourser ses dépenses et parfois aussi un petit peu de boisson pour réchauffer les cœurs. Ils faisaient, à leur façon, la publicité pour leur parti. Je me souviens d'avoir vu un libéral, flambant rouge, attacher des boucles de ruban rouge à la bride de ses chevaux pendant le temps des élections. C'était au début des années 30. La couleur des chemises : bleu ou rouge, avait de l'importance pour celui qui les portait. I l y avait aussi des cabaleurs. Selon le dictionnaire, ce mot veut dire : proclamer les défauts des candidats adverses. Ça n'a pas beaucoup changé, n'est-ce pas? Après les élections, les gagnants triomphaient puis on revenait amis jusqu'aux prochaines élections. Mais, pour les employés du gouvernement battu, c'était moins drôle parce qu'ils perdaient tous leur emploi, qu'ils aient été bons ou mauvais. Autre temps, autres mœurs et le temps passe. Là-dessus, je vous dis bonjour et vous remercie de m'avoir lue de temps en temps.

 

Tante Cécile