Fernand Lavoie nait à St-Narcisse le 8 octobre 1934. Son père Jacob Lavoie et sa mère Jeanne Lepage sont propriétaires d’une ferme sur le rang 4. Fernand débute dès l’âge de neuf ans son implication dans la ferme familiale. Son parcours scolaire est de courte durée compte-tenu des besoins de main-d’œuvre sur la ferme.

À 19 ans, il veut acheter la ferme de son père, mais comme Jacob n’est pas prêt à vendre, il décide d’aller travailler pour Baptiste Banville à raison de 70 heures par semaine à 60 cents de l’heure. Cette ferme moderne et diversifiée compte quelques productions dont le lait, le porc, quelques chèvres et des poules. Trois ans plus tard, son père Jacob apprend que Baptiste veut vendre son entreprise pour déménager au village. Considérant l’énergie que Fernand a investie au cours des dernières années dans l’entreprise familiale et connaissant le désir de ce dernier de s’établir sur une ferme, Jacob négocie pour son fils l’achat d’une des plus grosses fermes de la région. La transaction se finalise à trois heures du matin avec une bonne poignée de main et un acompte de 3 000$. Il faut dire que la parole compte pour beaucoup à cette époque puisqu’aucun papier n’est signé! C’est ainsi qu’en 1957, Fernand devient enfin propriétaire de sa ferme située au coin de la route.

En 1962, l’achat des terres du voisin permet de passer rapidement de 18 à 50 vaches Canadiennes et Ayrshire. Les porcs sont alors alimentés en partie avec le lait écrémé découlant de l’écrémage de sa production laitière principalement consacrée à la fabrication de beurre.

En 1964, Fernand unit sa destinée à celle de Lise Banville, fille d’Omer Banville et Antonia Albert de St-Narcisse avec qui il aura 4 enfants. Lise n’a pas peur du travail physique et participera rapidement aux travaux de la ferme.

En 1968, Fernand abandonne la production laitière pour la production bovine, la culture des céréales et l’exploitation forestière. En 1975, suite à une crise en production bovine, Fernand vend son troupeau et s’en tient à la vente de fourrages et de céréales pendant deux ans

C’est en 1977, suite aux nombreuses rencontres avec des conseillers du MAPAQ, que Fernand se lance dans la production ovine avec 50 brebis achetées de Réal Parent de St-Gabriel qui était un pionnier de cette production dans la région.

En 1988, avec ses 800 brebis, Fernand possède une des plus grosses fermes ovines du Québec. La relève étant assurée, l’entreprise ne cessera de prendre de l’ampleur avec la construction et l’aménagement de plusieurs bâtiments.

En 1995, à l’âge de 61 ans, Fernand transfère ses dernières parts de l’entreprise à son fils Bertin. Il ne prendra pas sa retraite pour autant puisqu’il continuera à participer activement aux opérations de la ferme de Bertin, de donner un coup de main à la ferme de Aubert et de prêter main forte à Benoit dans l’entretien et la réparation de la machinerie jusqu’au printemps 2019 alors qu’il a 84 ans.

Comme son père Jacob avant lui, Fernand s’implique dans des organismes tant au niveau social pour faire sa part dans le milieu qu’au niveau agricole. Il contribue grandement à l’avancement de la production ovine au Bas-Saint-Laurent et à la commercialisation de l’agneau lourd en développant des marchés, particulièrement à Montréal, en compagnie d’autres complices tels que Georges Parent, Marc-Aurèle Bélanger, Martial Tremblay et bien d’autres.

Il est tour à tour président de la Foire régionale de l’agneau et de la Société de la Neigette, membre du CA de Les Bergeries de la Neigette, de la Coop filature de St-Fabien, du Syndicat des moutons, de la Commercialisation de l’agneau, de la Société St-Jean-Baptiste, de Le Patrimoine, de La Fabrique, de la Caisse populaire et enfin, avant 39 ans, il était dans les Lacordaires.

Papa nous a quittés le 14 septembre 2019, il aurait eu 85 ans le 8 octobre

Mises à part ses nombreuses heures consacrées au jeu d’échecs, Fernand passait ses temps libres à contempler les terres agricoles et à évaluer la qualité des récoltes. Il était un vrai passionné de l’agriculture, particulièrement par tout ce qui touche la terre : les labours, les semences, les récoltes. Il en a fait des heures de battage dans ses champs d’orge et d’avoine! Il veillait au grain en faisait ses tournées dans les champs, il prenait l’épi entre ses doigts pour évaluer la qualité de la récolte à venir. C’est d’ailleurs avec fierté qu’il a fait sa 66ième saison de battage du grain à l’automne 2018.

 

Fernand estimait beaucoup son entreprise agricole qu’il a continué de voir grossir d’année en année. Il adorait raconter ses journées passées à aider l’un ou l’autre de ses fils sur la ferme ou au garage. Fernand disait souvent que sa famille était sa fierté. Il a été bien entouré de ses frères et sœurs, sa femme, ses 4 enfants, ses 14 petits-enfants et les 5 arrière-petits-enfants qu’il aura connus. Il aimait chanter des berceuses à ses petits-enfants, chantonner des chansons françaises en roulant ses R, parler philosophie, discuter de la vie et de la mort, organiser des rassemblements sur le bord du lac, participer aux fêtes de Noël et du Jour de l’an, et à toutes les autres occasions qui réunissaient la famille.

Par les bons mots et les messages reçus à l’occasion de son décès, nous avons constaté à quel point papa était apprécié et qu’il a marqué bien des gens, jeunes ou moins jeunes.

Notre père ne parlait pas beaucoup mais savait écouter. Et quand il exprimait sa pensée, il était écouté et respecté. Fernand était un homme de grande foi, philosophe, calme, sage, humble et d’une grande sensibilité. Homme de paix et de cœur, vivant dans la simplicité, il avait horreur du gaspillage et rêvait d’un monde où tous pourraient manger à leur faim.

C’est avec beaucoup d’émotion que papa nous a offert sa dernière bénédiction lors d’un rassemblement de famille le 18 août 2019.

« Que Dieu vous garde en santé, dans la paix, l’amour, l’amour de la vie, l’amour de ceux que vous côtoyez chaque jour et je vous bénis au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Dieu tout puissant, par l’intervention des hommes et des femmes, fais que les biens matériels soient partagés de façon qu’il n’y ait plus personne qui crève de faim sur cette terre, nous te le demandons, Amen. »

Enfin, Papa aimait mettre du pain sur son beurre et du beurre dans ses patates pilées. Il faisait les meilleures. C’est pourquoi nous voulons vous partager sa recette personnelle de patates pilées.