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À Ste-Blandine est né le 07 juin 1918 Joseph-Ernest Rosaire Soucy, fils de Ernest Soucy, cultivateur et de Rose-Alma Brisson, il est le 5ième d’une famille de 14 enfants, 5 garçons et 7 filles et 2 anonymes.

Dès son jeune âge, comme Rosaire n’aimait pas l’école, il dut s’impliquer dans les di- vers travaux de la ferme. L’hiver, il allait au chantier avec ses frères. Papa a eu un cheval pour sa première communion. Quel âge avait-il à ce moment-là? Je ne saurais vous le dire, mais ce que je peux vous confier c’est que lorsque papa parlait de son cheval, je peux comprendre que c’était pour lui un bien très précieux et que c’était son cheval. Papa ne s’avait ni lire, ni écrire, il ne savait que signé son nom.

Le 15 juillet 1942, Rosaire convola en justes noces à l’église de St-Narcisse avec Marie Jeanne Gertrude Proulx, fille de François-Alfred Proulx, cultivateur, et de Marie-Aurélie Fortier. Le célébrant fut Léo LeBel, prêtre. Gertrude était la 7ième d’une famille de 16 enfants.

De cette union naquirent (1943) Micheline (André Fournier); (1944) Pauline (Jean-Claude Fortier); (1945) Jean-Paul (Huguette Pineault); (1947) Robert (Odette Gilbert); (1948) Laurent (Diane Pleau / Danielle Laporte); (1949) Carole (Roger Gagné / Alfredo Paiz); (1950) Lisette (Robert Paré); (1951) Christian mort 40 jours après sa naissance; (1953) Jocelyne (Quintino Lucia); (1954) Pierrette (Guy Sasseville); (1955) Danielle (Manuel Perez / José Rodolpho Rodriguez); (1957) Jeannot a vécu 8 jours; (1958) Mario n’a vécu que 14 heures. À Montréal sont nés (1961) Christian (Sylvie Ouellet) et (1962) Suzanne (Ugo Di Oliva / Alberto Bruna). Gertrude a engendré deux autres enfants qui n’ont jamais vu le jour. Aujourd’hui leur survivent 21 petits-enfants, 38 arrière-petits-enfants et 4 arrière-arrière-petits-enfants.

Après leur mariage, nos parents ont loué un logement dans la maison de M. Nicolas Proulx qui a été habitée par la famille de M. Maurice Albert. Aujourd’hui, la maison est habitée par un M. Bérubé je crois. Rosaire et Gertrude y sont restés jusqu’en 1948, année où Rosaire a construit sa maison (aujourd’hui c’est le 437 Chemin Duchénier). En 1959 lors de notre départ pour Montréal, cette maison fut louée à la famille de l’on- cle Edgar Pineault et par la suite à la famille de M. Omer Proulx; elle a été vendue à l’oncle Clément Bernier qui l’aurait revendue à M. Conrad Breton. Son épouse y habite encore.

Rosaire a toujours été journalier, il a conduit un camion, chauffé un snow-mobile pour M. Albert Lavoie, a travaillé au moulin de Michel Pineault, a fait la drave et il a aussi été bûcheron. Il a de plus transporté le courrier rural de Ste-Blandine à St-Narcisse en remplacement de M. Épiphane Landry. Il a fini par s’acheter une voiture et un permis de taxi pour travailler à son compte. Il bûchait son bois de chauffage à chaque année et, nous les enfants, étions sollicités pour le corder.

Le 7 octobre 1952, Rosaire travaillant comme bûcheron sur la Côte Nord, fut victime d’un bête accident qui faillit le laisser paralysé. Un arbre lui était tombé sur le dos. Ses compagnons de travail voyant le cheval de Rosaire revenir seul ont vite comprit qu’il y avait quelque chose d’anormal et sont accourus pour réaliser la catastrophe. Rosaire fut stabilisé et transporté par avion ambulance à Rimouski. À son arrivée, constatant la gravité de ses blessures, ils ont repris l’avion pour le transporter à l’Hôpital Sacré-Cœur de Cartierville à Montréal. Les médecins lui diagnostiquèrent de graves fractures à la colonne vertébrale nécessitant une greffe iliaque. Hospitalisé d’octobre 1952 à janvier 1953, il est sorti de l’hôpital avec un corset lui couvrant tout le corps. Pendant ce temps il ne pouvait pas travailler.

Gertrude a travaillé très fort à élever cette trâlée d’enfants. Femme forte et courageuse, elle faisait sa couture, tricotait bas et mitaines, faisait tous les travaux de la maison où chacun des plus vieux avaient sa tâche, elle entretenait son jardin, nous envoyait au fruitage et aux noisettes. Elle nous concoctait de bonnes confitures et, comme toute femme responsable, s’occupe des finances de la maison. Nous avions de bons voisins (M. Maurice Albert) de qui on achetait le lait, d’autres s’arrêtaient pour nous prendre l’hiver lors des tempêtes et nous accompagnaient à l’école en traîneau à cheval (M. Napoléon Vignola).

Chaque printemps, Gertrude et Rosaire achetaient un cochon qu’ils nourrissaient et quelques semaines avant Noël, en faisaient boucherie, comme elle se plaisait à dire. Ils achetaient également un quartier de bœuf, en plus des lièvres que les garçons trappaient l’hiver; tout cela pour nourrir leur progéniture

Chaque hiver, Rosaire faisait une grande patinoire dans la cour arrière où les enfants du voisinage aimaient venir patiner avec les frères de la maison. Pour les filles, Gertrude confectionnait des poupées en guenilles qu’elle habillait et maquillait. Quel plaisir on a eu à jouer avec ces jouets. Nous l’avons beaucoup apprécié.

En octobre 1959, Rosaire et Gertrude prirent la décision, sur les conseils de l’oncle Isidore Soucy (La Famille Soucy, les artistes) de déménager à Montréal. Ouf quel contraste! Dix enfants plus le père et la mère, tous dans la même automobile : un gros Monarch, se lancent à l’aventure vers la grande ville de Montréal. Pour nous, les enfants, c’était l’émerveillement. Nous n’avions pas les yeux assez grands pour tout voir le long du trajet. Il nous fallait trouver rapidement un logement et trouver du travail aux plus vieilles car le père ne pouvait faire que des travaux légers. La famille a donc dû être éparpillée ici et là chez des sœurs de Rosaire qui habitaient déjà Montréal. Par chance, la recherche fut courte car un grand logement rue St-Denis, quartier Mont-Royal avec une belle immense galerie, où Gertrude n’avait pas peur de laisser jouer ses enfants, était disponible.

Rosaire a travaillé comme débardeur au port de Montréal et les deux plus vieilles ont aussi vite trouvé un travail dans une manufacture de jouets en plastique, (ces jouets étaient mis dans les boîtes de céréales pour ceux qui se souviennent de cette époque). En 1967, Rosaire entra au service de la Ville de Montréal, section des parcs, où il y travailla pendant plusieurs années jusqu’au moment de prendre sa retraite prévue pour l’année 1983. Malheureusement ce plaisir fut troublé par la maladie de sa tendre et aimée épouse qui décéda d’un cancer le 3 juillet 1983. Lui-même est décédé subitement le 12 septembre 2000 d’un arrêt cardiaque; leurs cendres ont été déposées au Mausolée Alfred Dallaire, à Fabreville, Laval.

Fin de la fable... on peut dire qu’ils ont vécu heureux et eurent plusieurs enfants.

Source: Micheline Soucy Fournier et Jocelyne Soucy Lucia