Cécile est née à St-Fabien de Rimouski le 24 mai 1920. Elle était la première enfant d'une famille qui en comptera douze. Dès son jeune âge, elle fut habituée au partage et à l'entraide. Dès lors, elle prend le chemin qui mène au dépassement de soi, à la générosité, à l'amour sans condition.

Elle commence l'école à l'âge de cinq ans et elle participe à sa mesure aux tâches à l'école ou à la maison, au jardin ou dans le champ de patates. Sa mère lui enseigne très tôt divers travaux, si bien que dès ses 10 ans, elle savait déjà faire bien des choses de ses mains. Tricoter, coudre, tisser, elle apprend tout, les années passent, elle est habile. Elle aimait beaucoup apprendre et elle s'est intéressée toute sa vie durant à l'avancement de la société en général, et de la femme en particulier, clamant ses revendications haut et fort, «sans faire sa fraîche». Elle a ses opinions bien à elle et sait les faire valoir: une femme pleine d'énergie qui peut mener de front plusieurs dossiers. Prendre soin des enfants et de la maisonnée, participer activement à l'avancement de la société par le biais des dossiers présentés dans les différentes associations.

Cécile épouse Adelme Vignola le 20 juillet 1943 et le jeune couple s'installe bientôt sur une petite ferme de colonisation à Trinité-des-monts. Ils y demeurent quelques années. Les enfants arrivent peu à peu, Adelme se trouve alors un emploi en Ontario et la jeune famille déménage là-bas pour 3 ans. Papa gagne de bons salaires, maman fait de la couture pour ses voisines, le jeune couple paie ses dettes et revient s'installer sur sa ferme, qu'ils emménagent mieux. Ils y vivent jusqu'en 1960, l'année où Adelme fait l'acquisition de la ferme de son père à St-Narcisse. La famille compte alors 7 enfants, de 2 à 16 ans. Maman avait beaucoup de travail, elle menait de front plusieurs dossiers dans ses engagements sociaux, familiaux et autres. Elle eut deux autres filles en 1967, si bien qu'elle devenait alors la mère de neuf enfants. Mais en femme énergique, elle travaillait sans relâche, réussissait ce qu'elle entreprenait.

Avant son mariage, Cécile a enseigné à une petite école de rang à Les Hauteurs. Plus tard, elle oeuvre dans différents domaines: en enseignement chez les adultes, dans le secteur religieux (Pastorale, Conseil de Fabrique), dans le secteur de la santé (elle fut une pionnière dans l'installation du CLSC de Rimouski, elle fut présidente de leur Comité et une salle de conférence y porte son nom), dans les associations féminines et divers regroupements sociaux et régionaux. Elle s'est toujours battue pour le respect des droits de la personne et elle se joignait à des groupes pour le faire:
-au Cercle des Fermières, qui apprenait aux femmes des méthodes de travail;
-à l'AFEAS, pour apprendre à défendre les droits des femmes;
-à la Société St-Jean-Baptiste, pour défendre nos droits comme peuple;
-au CLSC, pour donner à tous le droit d'être soigné, même en région éloignée;
-à Opération Dignité 2, pour conserver nos droits de vivre en région;
-à l'Âge d'Or, pour faire échec à la violence faite aux aînés.

Peu à peu, les années passent, Cécile accumule un lot de connaissances qui font qu'elle prend de l'assurance. Elle s'implique tant et si bien que le 14 avril 1984, elle reçoit la médaille de bronze soulignant son engagement soutenu à la cause du Québec. Cécile organisa aussi une dizaine de voyages pour le grand plaisir de ses ami(es), en Gaspésie, au Lac St-Jean, sur la Côte-Nord, dans les :Laurentides et au Nouveau-Brunswick.

Elle fut toujours aux premières loges pour aider à organiser des fêtes commémoratives: par exemple, lors du 50e et du 75e de la paroisse de Saint-Narcisse, le 30e de l'AFEAS, ainsi que le 100e anniversaire de naissance de Napoléon, père de 21 enfants et père de son mari Adelme. Elle a toujours été d'une grande générosité. Par exemple, lors d'un incendie, elle apportait à manger et à boire aux travailleurs qui rebâtissaient; elle amenait à un malade des fleurs de son jardin et un bon petit plat, ou un pain frais sorti du four. passait prendre de leurs nouvelles. Elle écrivait aussi un mot d'encouragement et offrait son aide lors de mortalité. C'est d'ailleurs elle qui fut à l'origine de la mise en place du Comité d'Entraide de Saint-Narcisse, dont l'objectif premier était de préparer le goûter des familles après les funérailles.

À chaque automne, avec l'aide de sa famille, elle entreprenait la préparation de sa gelée de pommes et pendant quelques semaines, la maison embaumait des bonnes odeurs de pommes. Elle a eu la grande gentillesse de me donner sa recette que je vous transmets avec plaisir: tu mets environ ça d'épais de pommes dans ton chaudron, tu mets à peu près ça d'eau, tu fais cuire à peu près tant de minutes, tu fais couler ton jus. Tu en prends 8 tasses, tu mets 6 tasses de sucre, tu fais bouillir jusqu'à ce que ce soit cuit: Avez-vous compris quelque chose?...pas moi, j'ai jamais réussi à faire une gelée qui avait de l'allure, une belle gelée transparente comme la sienne, avec juste la fermeté qu'il faut.

Dans bien des domaines, Cécile a su conserver son coeur d'enfant, sa capacité de s'émerveiller, d'admirer les belles choses de la vie. Elle sait garder son esprit en éveil, avide d'en connaître davantage. Elle a une belle philosophie de la vie et sait prendre le bon côté des choses, contournant les problèmes en disant «Ça sert à quoi de s'énerver quand il nous arrive une "bad-luck",?... ça empire les choses, quand faut passer par là, faut passer par là, il reste à tenter d'améliorer les choses».

Ses passe-temps favoris: l'entretien de ses fleurs, de son terrain, son jardin. Et l'hiver, elle aimait commencer sa journée, assise devant sa porte-patio à admirer les oiseaux qui venaient aux mangeoires, tout en prenant son café matinal. Maman, une femme travailleuse et une mère remarquable.